[Chronique] Black Iris de Leah Raeder

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Publié aux Editions Prisma – 2016 – 453 pages

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Laney Keating est une adolescente marginale. Depuis que sa mère s’est suicidée, elle voit bien que son père est dépassé par les événements et, en dehors de la littérature et la poésie, son seul réconfort est son petit frère Donnie, qu’elle adore. Au lycée, elle est souvent moquée et les rumeurs courent sur sa sexualité. Entre alcool et drogues diverses, Laney, révoltée par l’hypocrisie du monde qui l’entoure, explore toutes les limites. L’année suivante, lorsqu’elle tombe dans un piège qui la ridiculise sur les réseaux sociaux et fait ressurgir les vieilles rumeurs, son univers bascule. C’est Armin, son seul ami, un garçon passé maître dans l’art de la perversion, qui la sauve. Laney nourrit alors une haine violente pour ceux qui l’ont attaquée et décide de se venger. Elle embarque dans sa virée sanglante Armin et la sensuelle et féroce Blythe dont elle est amoureuse. Puisque Laney est une bad girl aux yeux de tous, le trio infernal va se montrer à la hauteur de sa mauvaise réputation. Black Iris est le récit d’une vengeance terrifiante et machiavélique, et des dangers de la manipulation.MONAVISV2

J’ai mis un sacré moment à vous rédiger cette chronique. Pour tout vous dire j’ai lu ce livre fin janvier. Mais voilà, je ne savais pas vraiment comment vous en parler. Parce que ce livre, il vous met une claque et une sacrée bonne raclée même. Parce que vous percevez les choses d’une autre manière. Parce que l’héroïne n’en est pas une et qu’elle vous prévient de suite.

« Je ne suis pas l’héroïne de cette histoire. Et je ne cherche pas la sympathie. C’est la vérité. Je suis atteinte de troubles de la personnalité, perturbée grave. Je suis pleine de ressentiment. En fait, je garde ma haine en bouteille, le temps qu’elle fermente, devienne du poison, puis j’en sniffe les vapeurs. Je suis à fond anormale et bien comme ça, alors n’espérez pas une trajectoire classique de mon personnage aboutissant à la rédemption, la maturité et le changement, ou encore l’apprentissage du pardon envers moi-même et les autres. Rien à foutre du pardon ». Page 9 du livre. Vous êtes prévenus.

Classée dans le genre New Adult, cette histoire s’en démarque profondément par sa construction et la trame même de ce qu’il s’y passe. Cette romance LGBT est construite sur la vengeance et sur le sang, le sexe, l’alcool et la drogue. Laney prépare une vengeance terrifiante et sanglante, elle est prête à tout, elle n’a rien à perdre, même pas elle-même. C’est une adolescente marginale qui a eu le malheur de tomber dans un piège humiliant au lycée et qui est déterminée à faire payer jusqu’au dernier des crétins l’ayant ridiculisée sur les réseaux sociaux. Dirigée par sa haine, sa rancoeur, elle va parcourir un chemin surprenant pour tenter de prendre sa revanche. Un peu comme le conte de Montecristo ou encore Emily Thorne dans Revenge. Rien ne l’arrête. Elle n’a pas de sens moral, le roman est de toute façons totalement immoral. Mais que c’est bon. La plume de Leah Raeder vous capte dès le départ, elle vous embrouille, vous mâche et vous recrache qu’à la fin, vous laissant sans souffle. C’est brillant, magique, sanglant, sexuel mais aussi sensuel. Oui Leah Raeder nous conte une histoire de vengeance machiavélique orchestrée par une jeune femme profondément perturbée, accro à l’alcool, au sexe et à la drogue, qui n’a pas de sexualité définie, le tout avec une plume d’une sensualité inouïe. De la beauté dans le vulgaire, de la lumière dans la vengeance, de l’espoir dans le déséquilibre et aucune chance de rédemption ou de pardon.

Les personnages de cette histoire sont bluffants. Notre « héroïne » qui, rappelez-vous, n’en est pas une, est à la fois détestable et agréable. Il est assez facile de se laisser charmer, manipuler. Pourtant nous savons que toutes ses intentions sont mauvaises. A moins qu’elle ne tombe sur une étape non prévue…Laney est déjantée, elle se fiche de tout, elle se drogue, boit et aime le sexe. En quête d’identité sexuelle, incapable de se définir à ce niveau là, elle rejette les gens qui cherchent à la mettre dans une case. Le livre de Leah Reader nous parle alors d’homophobie, d’homosexualité, d’hétérosexualité, de la plurisexualité, elle dépasse les limites avec excès de drogue et d’alcool. Elle peint des scènes d’une intensité exceptionnelle. Et c’est là tout son talent. Réussir à nous faire aimer un livre profondément violent et immoral. Nous accrocher tout au long d’une sombre histoire de vengeance orchestrée par une jeune fille totalement malsaine. Aucun personnage de cette histoire n’est bon. Pas de « mec » parfait pour lequel succomber. Pas de « super copine » qui a la solution à tout. Pas de parents exemplaires. Pas de sauveur. Pas de rédemption. Pour personne. Non, chaque personnage a un mauvais côté, sombre mais exposé, assumé et volontaire, ou parfois enfoui mais éblouissant malgré tout. Aucun n’adopte un comportement « normal » aux yeux de la société, vivant dans les excès et le mensonge, la manipulation et la trahison.

Le style narratif est déroutant, perturbant et colle parfaitement à cette histoire. On alterne entre passé et présent. On a des bribes de moments puis d’autres, au début on s’y perd avant de comprendre le fil tordu de l’histoire. C’est surprenant et rend le récit encore plus addictif. On apprend à connaître Laney et, même si elle est machiavélique, on a envie de la voir atteindre ses objectifs. Oui, on veut la voir assouvir sa vengeance et surtout comprendre comment elle veut s’y prendre. Qui sont les coupables ? Pourquoi ? Comment ? Les révélations seront à la hauteur du roman, explosives et sanglantes. C’est un roman profondément sombre qui vous entraîne sur une piste vertigineuse que vous ne pouvez vous empêcher de descendre tant c’est un terrain glissant, éblouissant et captivant. A l’instar de Free Fall, Leah Raeder nous propose de l’amour dans les ténèbres, de l’espoir sans rédemption et des personnages mauvais et qui s’assument comme tels. C’est une plume grandiose qu’il faut découvrir car si vous accrochez au style, vous succombez et en redemandez. Alors que Free Fall ressemblait à un film plein de couleurs, ici vous plongez aussi dans un univers cinématographique démesuré et malsain, et les couleurs plus sombres ressortent à merveille sous l’écriture talentueuse de l’auteure.

L’intrigue est bourrée de surprises pour le lecteur alors que nous savons bien que Laney a tout orchestré, observé, calculé, préparé. Elle est championne de manipulation et même nous on est pris au piège de ses mensonges et manoeuvres jubilatoires pour obtenir gain de cause. Les deux autres personnages importants dans l’histoire, Armin et Blythe nous captivent. Ils transpirent le mal-être assumé, le sexe, la drogue, l’alcool, la sensualité. Tout est exacerbé, comme sous exctasy ou autres drogues consommés par les personnages. C’est vif, c’est éclatant, c’est percutant, bluffant. Bref, lisez-le, je ne veux pas en dire plus parce que ce serait vous gâcher une histoire exceptionnelle d’une intensité rare et d’une violence sensuelle exceptionnelle.

Merci à Cindy Van Wilder pour m’avoir conseillé ce livre, vraiment. 

enbrefUn roman captivant et profondément immoral. Des personnages perturbées et accros à l’alcool, au sexe et à la drogue. Une soif de vengeance inouïe et une anti héroïne prête à tout pour y parvenir. Une réflexion pertinente sur la sexualité et l’absurde nécessité de la définir. Un livre qui vous colle une claque, vous emporte violemment et vous n’en ressortez pas indemnes. Un bijou de violence, sombre et sensuel qui laisse passer la lumière dans les ténèbres.

MANOTE17/20

 

20 réflexions sur “[Chronique] Black Iris de Leah Raeder

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    J’attendais justement avec impatience ton avis sur ce roman ! Et je crois que c’est toi qui vient de me donner une claque, ce roman a l’air tout simplement incroyable, je crois que je vais craquer très vite 😀

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