[Chronique] Il était une lettre de Kathryn Hughes

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Publié aux éditions Calmann-lévy – 3 février 2016 – 300 pages

Lu grâce à Netgalley et Calmann-Lévy, merci à eux.

 
resumeTina est malheureuse auprès d’un mari trop porté sur la boisson et souvent violent. Le week-end, pour ne pas être à ses côtés, elle se réfugie dans une boutique caritative où elle est vendeuse bénévole. C’est alors que sa vie bascule lorsqu’elle y découvre une lettre dans la poche d’un vieux costume. Cette lettre n’a jamais été ouverte, le timbre n’est pas cacheté et elle date de septembre 1939 : c’est une demande en mariage.
Très émue que la destinataire n’ait jamais reçu cette demande, Tina va mener l’enquête et découvrir l’histoire bouleversante d’un amour impossible… Celui de Chrissie, jeune sage femme de 17 ans qui tombe éperdument amoureuse du jeune séducteur de son quartier, malgré les réticences de son père, un médecin très strict. La guerre finit par exploser et son grand amour est contraint de partir au front, la laissant enceinte, et seule face à ce secret honteux qui va faire exploser sa cellule familiale.
Pendant que Tina poursuit ses recherches, elle découvre qu’elle aussi est enceinte, mais d’un homme qu’elle n’aime plus. Elle décide d’essayer de retrouver à tout prix Chrissie et son enfant, en espérant ainsi redonner du sens à sa vie.MONAVISV2

Voici un livre qu’il me tardait de lire. Le résumé me faisait penser à La dernière lettre de son amant de Jojo Moyes même s’il y a des différences fondamentales. Dans le livre de Jojo Moyes il y a aussi une femme qui trouve une lettre (dans les archives du journal où elle travaille) et fait tout pour en retracer l’histoire, en retrouver les propriétaires, reconstituer les échanges. C’est une histoire que j’avais adoré et je me suis dit que Il était une lettre pourrait bien me séduire aussi. Ce fut le cas, j’ai adoré cette jolie histoire et sa construction.

Tout au long du livre nous allons suivre deux histoires en parallèle. Celle de deux femmes charismatiques et qui prennent leur destin en main. Celles de deux femmes dont la seule erreur fut d’aimer « la mauvaise personne ». Fin des années 70, Tina vit avec son mari qui vient de perdre son emploi et sombre dans l’alcoolisme. Depuis le jour même de leur union ce dernier est violent et frappe Tina. Malheureuse, elle a trouvé un refuge pour la journée du samedi dans une boutique caritative. Un jour, elle trouve une lettre dans la poche d’un beau costume. Elle remarque que cette dernière n’a jamais été postée. Intriguée, elle l’ouvre. Une demande en mariage qui n’est jamais parvenue à sa destinataire. Tina va alors tout faire pour retrouver la femme à qui était destinée cette lettre. Cette lettre, Billy l’a écrite pour Chrissie, la deuxième jeune femme que nous allons suivre. 1939, Chrissie a 17 ans, vit avec ses parents, auprès d’une mère aimante mais d’un père très strict. Elle tombe amoureuse du « mauvais garçon » et son père va tout faire pour ruiner cette relation. En plus de l’opposition formelle de son père, un autre obstacle menace le couple, l’appel à la guerre. Chrissie sait qu’à tout moment, l’homme de sa vie peut être appelé. Tout tourne mal le jour à elle se rend compte qu’elle est enceinte. Jetant le déshonneur sur sa famille, son père l’exile. Billy, lui, est appelé à la guerre.

Nous avons donc deux destins de femmes à deux époques différentes. Deux femmes touchantes, attachantes, victimes d’hommes, qu’il soit le mari ou le père. Pour Tina, rechercher la mystérieuse correspondante, c’est une échappatoire à son terrible quotidien. Remettons nous dans le contexte : fin des années 70, pas d’internet, des recherches à l’ancienne, en se déplaçant, en rencontrant les gens. Et Tina va faire des rencontres marquantes, comprendre petit à petit les enjeux de cette histoire et à quoi cela a mené. Elle va tout faire pour retrouver Chrissie. Pendant ce temps, elle doit gérer sa vie, la violence de son mari, la pression de ses amis pour le quitter, la peur au ventre en permanence et sa grossesse à son tour. 1939, Chrissie, elle, est exilée chez une tante qui vit dans la campagne irlandaise. Vide rude, sans confort, elle apprend à vivre éloignée de sa mère et d’un soutien quelconque. Sa grossesse est un fait humiliant pour toute la famille et elle doit la cacher. Un enfant hors mariage n’est absolument pas acceptable dans un monde encore si « fermé » et dans une famille si portée sur la religion.

L’auteure, douée d’une plume féminine et douce, nous entraîne vraiment dans la vie de ces deux femmes. Elle a su donner vie à deux personnages dotés d’un charisme indéniable, deux femmes qui savent aimer et donner. Nous ressentons une profonde empathie pour elles, l’envie de les protéger, de les voir s’en sortir et de trouver une issue à tous leurs problèmes. Bien sûr, Kathryn Hughes sait nous tenir en haleine : Tina va-t-elle retrouver la destinataire de la lettre ? Qu’est ce que cela va changer tant d’années après ? Pourquoi fait-elle cela ? Le roman nous fait passer par beaucoup d’émotions, tout en alternant les époques. Il y a des épreuves très dures, celles de la vie, celles de la guerre, celles de la violence, celles de la question de l’enfant à naître auprès d’un père violent, la quête d’identité, pardonner, se pardonner, comprendre. Nous avançons avec elles, entre le passé de Chrissie et le présent de Tina et c’est juste magnifique. Nous plongeons dans ce roman à l’intrigue maîtrisée, parfaitement rythmée et qui laisse place à des rebondissements parfois cruels mais nécessaires à l’avancement des choses. Les sujets abordés sont quand même durs, la violence conjugale nous est relatée avec un réalisme saisissant, la rupture familiale n’épargne pas la jeune Chrissie. Mais il y aussi des notions sublimes d’amitié, de solidarité, d’espoir. C’est assez magique de voir Tina se transformer, opérer des changements dans sa vie, comme modelés par la tragédie vécue par Chrissie. Le passé de cette femme qu’elle ne connaît pas parvient à la toucher, à la faire avancer. C’est un roman vraiment touchant et avec lequel nous ne nous ennuyons pas une seule seconde.

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Un récit émouvant et bouleversant mettant en parallèle deux destins, celui de Chrissie en 1939 et celui de Tina à la fin des années 70. Derrière le sujet de la violence conjugale se cache l’espoir, l’amour et la reconstruction. Une quête de réponse, d’identité, d’amour et pardon qui nous entraînera sur des jolies routes irlandaises et anglaises. Une plume agréable et une intrigue parfaitement menée. Deux destins liés à jamais.

MANOTE18/20

 

38 réflexions sur “[Chronique] Il était une lettre de Kathryn Hughes

  1. Lady's Blog dit :

    Déjà fan de la couv, encore plus fan du résumé, et totalement fan après ton avis…
    Amazon – Recherche – Panier – Commande confirmée – Je le reçois samedi !
    Pour la facture je te l’envoie à quelle adresse ? ^^

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  2. maelysaimelire dit :

    Et bien, j’ai vu ce livre un peu partout et je m’étais dit que cela n’était pas pour moi. En voyant la couverture je pensais trouver une romance mièvre. Je dois dire que ta chronique me fait douter! 🙂 Il risque bien de se retrouver entre mes mains!

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  3. Lupa dit :

    Je n’en finissais déjà pas d’être tentée par ce roman, et voilà que je découvre ton billet (et ton blog par la même occasion !) qui en remet une belle couche ! Merci pour ce très chouette avis 🙂

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