[Chronique] Je reviendrai avec la pluie de Takuji Ichikawa

jereviendraiaveclapluiePrésente édition publié chez J’ai Lu – 2014 – 319 pages

 

resumeTakumi, homme névrosé bourré de troubles obsessionnels compulsifs, vit seul avec son fils Yûji, âgé de six ans, depuis la mort de sa femme, Mio. Il gère le quotidien du mieux qu’il peut (c’est-à-dire laborieusement), entre le travail au bureau, les tâches ménagères et l’éducation de son petit garçon. Un jour Mio revient, comme elle l’avait promis avant son décès, à la saison des pluies mais elle a tout oublié de son passé, et pour l’aider à recouvrer la mémoire, Takumi lui raconte leur rencontre et le début de leur histoire. Durant les six semaines de la saison humide, le temps se suspend pour eux et l’amour reprend ses droits.

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J’ai décidé de lire ce livre dans le cadre de mon challenge littérature asiatique. C’est en effet une littérature que je connais peu et j’ai envie de m’y plonger. Ici, nous sommes dans un roman japonais avec un thème assez « fantastique ». L’auteur nous parle d’éléments autobiographiques et nous explique mieux tout cela à l’issue du roman. C’est un roman qu’il m’a fallu digérer, assimiler, comprendre. C’est un peu déconcertant, il y a des « défauts » que je n’arrive pas à expliquer : barrière culturelle, voir barrière de la langue ? Traduction ? Style de l’auteur ? Bref, allons l’explorer plus en détails.

Nous sommes au cœur d’une jolie histoire d’amour, de la douceur, de la simplicité des choses. Nous « héros » sont des Japonais ordinaires, qui travaillent, se démènent pour avoir une vie « honorable » et vivent dans un petit appartement. Takumi, notre protagoniste est un homme bourré de problèmes : névroses, angoisses, troubles obsessionnels compulsifs, toute sa vie doit être réglée en fonction de cela et sa santé est très fragile. Depuis bientôt 1 an, sa femme, Mio est morte et il doit gérer seul son quotidien et celui de son fils, adorable petit garçon qui serre les dents et avance malgré l’absence de sa maman. Que le quotidien est difficile pour un homme comme Takumi : la lessive, le ménage, les repas, tout est compliqué, tout était si bien géré par Mio avant. Et puis Takumi a perdu l’unique amour de sa vie. Et son fils a perdu sa douce maman. Ensemble, les deux « hommes » avancent dans un quotidien un peu morne, un peu banal. Takumi n’est même pas en mesure d’aller au cinéma avec son fils, de sortir « normalement » et culpabilise de ne pas être le papa qu’il faudrait. Si seulement Mio était encore là…

Un dimanche de promenade à leur endroit préféré, Mio est là. De retour, avec la saison des pluies, comme elle l’avait promis avant de mourir. Non, ce n’est pas une illusion, ni un mirage, ni une hallucination et encore moins un fantôme. La jeune femme est là, en chair et en os, devant eux. Mais elle ne sait plus qui elle est. Ils vont la ramener à la maison, taire le secret de sa mort et tenter de lui faire revenir les souvenirs d’une vie ensemble. Mais le temps est compté, Mio repartira à la fin de pluies…Notre couple va donc avoir 6 semaines pour retomber amoureux, pour remettre des choses en place. Quelle histoire touchante, bouleversante. Cet homme, qui n’a jamais aimé d’autre femmes, qui n’est pas en mesure de vivre une vie normale, se voit confronté au retour de l’être aimé. Mais il sait que c’est temporaire. Ils doivent faire de ces 6 semaines un moment merveilleux et en profiter pour permettre aux deux garçons de mieux s’en sortir. Une seconde chance d’aimer et de dire au revoir. Que c’est déchirant pour ce petit garçon, heureux de retrouver sa maman mais qui sait qu’elle va devoir repartir.

C’est un roman tout en émotions mais qui manque tellement de profondeurs dans les discours qui sont alors d’une banalité affligeante et ennuyeux. Répétitifs, sans contenu on s’ennuie pendant les discussions. Certains moments sont plus captivants bien sûr, quand l’histoire de Takumi et Mio nous est contée…Mais le reste, reflet sans doute de leur triste, morose et banal quotidien est d’un ennui profond. C’est pour moi le gros défaut de ce livre. Alors comme je le disais en introduction, je ne sais comment interpréter ce défaut dans les dialogues : l’auteur a-t-il voulu vraiment restituer des conversations ordinaires et banales sans les romancer ? Est-ce la différence de langue ? Est-ce la traduction ? Toutefois, on passe au dessus de ce défaut pour se concentrer sur les sentiments, les évolutions dans l’histoire. L’enfant, Yûji est adorable et très touchant. Il met le doigt là où ça fait mal en toute innocence. Cette innocence que la mort de sa maman a déjà voilé…Mais c’est un petit garçon qui croit en l’amour, en la vie et Takumi doit continuer à lui transmettre les valeurs essentielles et continuer à éduquer son fils, du mieux qu’il le peut compte tenu de ses propres soucis. Comme vous pouvez vous en douter nous ne sommes pas dans un roman avec un happy end, mais la fin reste douce. Triste, amer, mais belle, douce, poétique. Takumi est apaisé et est prêt à vivre un peu mieux, à assumer son rôle parental d’une autre façon, désormais aidé de son petit garçon qui a pris en autonomie et beaucoup appris de sa maman pendant le retour de celle-ci.

enbref

Un joli roman d’amour et d’espoir pourtant porté par un narrateur bourré de défauts et d’angoisses. Une histoire fantastique, une seconde chance de tomber amoureux et d’apprendre des choses de la vie. Dommage que la pauvreté narrative vienne plomber un peu l’histoire et que les répétitions dans les dialogues rendent le tout un peu ennuyeux. Un moment agréable dans un Japon ordinaire, loin de la grande ville et de l’amour en douceur.

MANOTE15/20

14 réflexions sur “[Chronique] Je reviendrai avec la pluie de Takuji Ichikawa

  1. Vampilou dit :

    Les romans asiatiques me tentent beaucoup aussi en ce moment ! Après avoir lu « Les Neiges de l’Eternel », j’aimerai beaucoup me lancer dans celui-ci, il a l’air magnifique 😀

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  2. Severine dit :

    Je comprends ce que tu veux dire par rapport au sens, au style, à la tournure. Les seuls livres « asiatiques » que j’ai lu sont les contes des samouraïs et les contes des sages du Tibet et je t’avoue qu’il m’a fallu beaucoup beaucoup de recul pour apprécier les lectures. La fameuse barrière culturelle^^

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  3. Meylleen dit :

    Je l’ai lu en début d’année et il m’avait plutôt bien plu, mais je comprends tes remarques. Je pense que ça vient un peu du style de l’auteur, un peu de la traduction, mais que c’est aussi un genre auquel il faut s’adapter.
    Après je te conseillerai de persévérer. La littérature asiatique peut parfois être déconcertante, mais c’est aussi plein de nouvelles découvertes ^^

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  4. clairebelgato dit :

    J’ai bien envie de découvrir ce livre ! Une superbe couverture, et une histoire qui paraît déroutante. Je note !
    Très joli blog en passant 😉
    Claire Belgato

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