[Chronique] Nymphéas noirs de Michel Bussi

nympheas

Paru aux Editions Pocket (pour la dernière édition) – 493 pages

resume

Tout n’est qu’illusion, surtout quand un jeu de miroirs multiplie les indices et brouille les pistes. Pourtant les meurtres qui troublent la quiétude de Giverny, le village cher à Claude Monet, sont bien réels. Au coeur de l’intrigue, trois femmes : une fillette de onze ans douée pour la peinture, une institutrice redoutablement séduisante et une vieille femme aux yeux de hibou qui voit tout et sait tout. Et puis, bien sûr, une passion dévastatrice. Le tout sur fond de rumeur de toiles perdues ou volées, dont les fameux Nymphéas noirs. Perdues ou volées, telles les illusions quand passé et présent se confondent et que jeunesse et mort défient le temps.

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« Trois femmes vivaient dans un village. La première était méchante, la deuxième était menteuse, la troisième était égoïste. Leur village portait un joli nom. Giverny.

La première habitait dans un grand moulin au bord d’un ruisseau, sur le chemin du Roy; la deuxième occupait un appartement mansardé au-dessus de l’école, rue Blanche-Hoschedé-Monet; la troisième vivait chez sa mère, une petite maison dont la peinture aux murs se décollait, rue du Château-d’Eau.

Elles n’avaient pas non plus le même âge. Pas du tout. La première avait plus de quatre-vingts ans et était veuve. Ou presque. La deuxième avait trente-six ans et n’avait jamais trompé son mari. Pour l’instant. La troisième avait onze ans bientôt et tous les garçons de son école voulaient d’elle pour amoureuse. La première s’habillait toujours de noir, la deuxième se maquillait pour son amant, la troisième tressait ses cheveux pour qu’ils volent au vent.

Toutes les trois étaient assez différentes, et pourtant elles possédaient un point commun, un secret en quelque sorte : elles rêvaient de partir.
Toutes les trois pensaient que le village était une prison, un grand et beau jardin, mais grillagé.
Une fois pourtant, pendant 13 jours seulement, les grilles du parc s’ouvrirent, pour elles seules, du moins c’est ce qu’elles pensaient …
Mais la règle était cruelle, une seule d’entre elles pouvait s’échapper, les deux autres devaient mourir, c’était ainsi…
La troisième était la plus douée, la deuxième la plus rusée, la première la plus déterminée.
A votre avis, laquelle parvint à s’échapper ? « 

Voilà, le décor est planté. Bienvenue à Giverny, venez rencontrer Fanette, Stéphanie et la vielle dame. Avec un peu de chance, vous ferez un bout de chemin avec l’amical chien Neptune, peut être croiserez-vous les inspecteurs ? Nymphéas Noirs est le tout premier roman de Michel Bussi que j’ai lu. J’ai souhaité commencer par celui-ci car l’univers artistique m’attirait tout particulièrement, ayant un peu étudié l’histoire de l’art quand j’étais lycéenne. Ce qui est certain c’est que niveau tableau artistique nous sommes servis. Bussi nous entraîne au cœur de Giverny au travers du regard de 3 femmes de 3 âges différents. Une histoire de meurtres et le paisible village très touristique se retrouve secoué. Qui peut bien tuer ? Qui a pu être témoin ?

C’est donc avec ce roman que j’ai découvert la fabuleuse plume de Bussi. L’enquête nous entraîne sans cesse sur de fausses pistes. Nous piétinons, nous enlisons, prenons le temps de découvrir l’histoire de ces femmes et l’histoire de Monet. Nous rêvons en couleurs et Bussi nous peint un véritable tableau…mais si on gratte sous l’huile, qu’allons nous y découvrir ? Bussi n’a pas son pareil pour manipuler son lecteur et vous ressortez du livre en vous disant : Quoi ??? Mais comment n’ai-je pas compris ? Ce roman en particulier a un tel dénouement qu’il serait très difficile de vous en parler sans dévoiler trop d’éléments. Mais amateurs d’art, de suspens, de paysages, de dénouements surprises et de pistes impossibles soyez certains que ce livre est fait pour vous. Même si on met un peu de temps à vraiment entrer dans l’histoire, une fois que c’est fait, le piège se referme et ne vous recrache qu’une fois le dénouement final exposé. Il est vrai que si vous êtes insensibles à l’art, certains passages vont peut être vous ennuyer, mais ne décrochez pas, rien que le final en vaut la peine, laissez-vous porter par la plume affirmée et enchanteresse de Michel Bussi, le voyage ne fait que commencer.

Trois femmes, trois destins, trois visions. Trois perceptions du monde qui les entoure, modelées par l’âge, par l’expérience et le vécu. Trois histoires à raconter. Deux enquêteurs qui piétinent au cœur de l’intrigue. Troublés, portés sur des pistes impossibles à démêler. Trois femmes qui ne cessent de nous surprendre par leur personnalité. Et le chien, témoin de tout, ami de tous. Il est vraiment difficile d’en dire plus sur ce livre au risque de vous en dévoiler de trop, car une fois que vous l’avez lu vous voyez tout différemment. Je ne peux donc que vous en recommander la lecture et découvrir le talent d’un écrivain manipulateur…(cher Mr Bussi, voyez-y un compliment).

Une plume dynamique et qui prend le temps de rendre hommage à l’art. Une intrigue brillante, intelligente et menée d’une main de maître. Un récit qu’on découvre comme on contemple un tableau, d’abord de loin dans la globalité de sa beauté, puis les détails surgissent en se rapprochant, en examinant de plus près et tout devient évident, le sens caché apparaît et nous émerveille. Un roman parfaitement documenté et instructif qui nous donne envie de nous plonger au cœur du village de Giverny et d’en savoir encore plus sur Monet, même si tout y reste figé pour attirer les touristes, jolie critique glissée innocemment entre les lignes. Nous nous sentons comme enfermés dans ce tableau idyllique de Giverny qui pourtant cache de terribles secrets, nous sommes dans une sorte de huis-clos à ciel ouvert et aux couleurs chatoyantes, aux personnages sympathiques et humains. Une fin magistrale, époustouflante qui signe bien là tout le talent du l’auteur et son savoir faire : nous embrouiller, nous entraîner sur des pistes et nous éblouir sur la toute fin. Rien ne filtre si ce n’est la lumière de l’art, aucun indice, juste la surprise finale et magistrale.

enbref

Un roman captivant, qui vous entraîne au cœur d’un village marqué par le génie de l’art et du peintre Monet. Trois femmes au cœur d’un mystère, trois femmes qui rêvent d’autre chose. Des enquêteurs qui piétinent et s’embourbent dans des histoires de toiles volées et de fausses pistes. Un suspens ménagé et une intrigue intelligente, une plume qui manipule le lecteur pour délivrer une fin magistrale et surprenante.

MANOTE

17/20

 

RAPPEL : CONCOURS BUSSI AVEC 4 POCKETS DE L’AUTEUR A GAGNER

CITATIONS

« Je vous voir venir, cela vous parait peut-être étrange, deux enterrements dans le même cimetière, sous la même pluie battante. La coïncidence vous apparaît peut-être dérangeante ? Exagérée ? Soyez alors certains d’une chose, d’une seule : il n’existe aucune coïncidence dans toute cette série d’événements. Rien n’est laissé au hasard dans cette affaire, bien au contraire. Chaque élément est à sa place, exactement, au juste moment. Chaque pièce de cet engrenage criminel a été savamment disposée et croyez-moi, je peux vous le jurer sur la tombe de mon mari, rien ne pourra l’arrêter. »

« Regardez ce parc, inspecteur, les roses, les serres, le bassin. Je vais vous révéler un autre secret. Giverny est un piège ! Un merveilleux décor, c’est certain. Qui pourrait rêver de vivre ailleurs ? Un si joli village. Mais je vais vous avouer : le décor est figé. Pétrifié. Interdiction de décorer autrement la moindre maison, de repeindre un mur, de cueillir la moindre fleur. Dix lois l’interdisent. Nous vivons dans un tableau ici. Nous sommes emmurés ! On croit qu’on est au centre du monde, qu’on vaut le déplacement comme on dit. Mais c’est le paysage, le décor, qui finit par vous dégouliner dessus ».

ALLERPLUSPLOIN

Wikipédia Claude Monet

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15 réflexions sur “[Chronique] Nymphéas noirs de Michel Bussi

  1. Mooneyes Emilie Nezumi dit :

    Ah, j’avoue que celui me tente bien! , Ma mère a lu « mourir sur scène » et elle a été bottée! (ayant été a l’Armada y a quelques années, je le lirais très bientôt)
    Moi, « un avion sans elle », j’ai eu du mal au début, mais j’ai pas lâché et après, ça ce lit tout seul!
    Je suis aller deux fois à Giverny, voir les jardins de Monet, c’est fabuleux! ainsi que sa collection d’estampes japonaises!

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  2. Ingrid P dit :

    Juste un mot : Wooooooouuuuuaaaaaaaahhhhhhhhhhhh !!!
    Je n’ai jamais vu une chronique aussi bien écrite et qui donne vraiment envie de lire ce roman.
    On sent que tu as vraiment aimé ce roman. Personnellement je n’ai lu que Un avion sans elle de Michel Bussi et je dois dire que ça a été un réel coup de cœur pour moi (chronique sur mon blog : lemondedepitch.blogspot.fr). J’ai aussi N’oublier jamais qui m’attend dans ma PAL mais j’ai vraiment hâte de le lire. Pour ce qui est de ta chronique, je la trouve superbe car tu donnes envie de lire ce roman et tu détailles bien l’histoire sans trop en dévoiler.
    En clair, ton blog est super et tes chroniques sont très bien écrites et donne envie de lire les romans.

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  3. Lady's Blog dit :

    celui-ci je ne l’ai pas encore lu, mais ce que j’aime chez lui, au-delà de son immense sympathie qu’il a envers le public qui le rencontre, c’est la manière dont il amène ses influences normandes (bah oui il est normand comme moi ^^) dans ses romans. Tu verras que celui-ci n’est pas le seul dans lequel la normandie est évoquée.

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  4. lovely athena books dit :

    Coucou ! Merci d’avoir permise de lire ta chronique ! J’espère que ce livre va me plaire !
    Il est dans ma PAL depuis peu ! À part ça, je suis de passage sur ton univers aujourd’hui pour te souhaiter une agréable semaine livresque ! Bisous ♡

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