[Chronique] Tu tueras le Père de Sandrone Dazieri

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Paru aux Editions Robert Laffont, collection La Bête Noire – octobre 2015 – 664 pages

Merci à Netgalley et aux Editions Robert Laffont pour cette lecture.

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Petit garçon, Dante Torre a survécu à l’enfer de la séquestration. Il enquête désormais sur une vertigineuse affaire d’enlèvements d’enfants. Car son ravisseur sévit toujours…
« Meilleur thriller de l’année 2014 » selon Il Corriere della Sera, Tu tueras le Père est un véritable best-seller en Italie, vendu dans plus de dix pays et bientôt adapté en série TV.

Sous un soleil de plomb, un homme court, désorienté, le long d’une route qui mène à Rome. Luca, son jeune fils, a disparu lors d’un pique-nique familial dans le Pratoni del Vivaro, un parc naturel à quelques kilomètres de là. Les enquêteurs dépêchés sur place découvrent bientôt la mère dans une clairière, décapitée. Ils pensent que c’est lui, le mari, qui dans les affres d’une dispute conjugale, a tué son fils, puis caché le corps. Mais où ? Aucune trace de l’enfant, nulle part. Quand Colomba Caselli arrive sur les lieux de la reconstitution, elle comprend immédiatement que quelque chose ne tourne pas rond… Colomba a trente-deux ans et des yeux d’un vert changeant. Elle est belle, instinctive, physique, mais elle n’est plus en service. Elle a pris un congé à durée indéterminée après avoir assisté, impuissante, à un événement tragique qu’elle nomme avec pudeur « Le Désastre » ; et qui l’a laissée très fragile. Cependant, même retirée de la vie policière, elle ne peut cesser d’être un flic et l’un des meilleurs. Le commissaire Rovere, son ex-patron, le sait : il lui demande comme une faveur de mener l’enquête pour lui, en toute discrétion, et d’aller consulter un expert du rapt et de la maltraitance infantile, Dante Torre, surnommé « l’enfant du silo ». Avec son allure de Bowie punk, maigre et toujours vêtu de noir, complètement phobique, dépendant, obsessionnel et paranoïaque, Dante a une approche très personnelle de son travail. Et pour cause : il a été enlevé lorsqu’il était un tout jeune garçon. Pendant onze ans, il a grandi dans l’exiguïté d’un silo à grains avec pour seul contact avec le monde extérieur un mystérieux individu qu’il appelle « Le Père ». À présent, l’enquête de Colomba le confronte à son pire cauchemar. Car, derrière la disparition du petit Luca, Dante reconnaît très vite la signature de ce « Père » jamais identifié, jamais arrêté. Mais si tel est le cas, pourquoi son geôlier aurait-il décidé de frapper à nouveau ? Et pourquoi tant d’années plus tard ? Colomba s’interroge : peut-elle vraiment se fier à son partenaire ? Ou bien Dante l’entraine-t-il, malgré elle, dans l’enfer d’une chasse aux fantômes ? Entre flashback, machinations et course contre la montre, Sandrone Dazieri construit un magnifique thriller qui plonge le lecteur dans un crescendo constant d’adrénaline.

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« Le Père est là, dehors, quelque part. La cage est désormais aussi vaste que le monde, mais Dante est toujours son prisonnier. »

Comme vous pouvez le voir, le résumé (que j’ai pris sur Amazon comme bien souvent ou Livraddict) vous peint tout à fait l’ambiance dans laquelle vous allez poser le pied si vous ouvrez ce livre. Car une fois que vous aurez plongé, plus de retour en arrière possible, vous ne lâcherez plus ce pavé de plus de 650 pages, vous voudrez tout savoir au sujet du « Père » et suivre notre duo atypique jusqu’au bout de leur quête, de leur course contre la montre.

C’est la première fois que je lis un thriller se déroulant à 100% en Italie il me semble et d’ailleurs je ne pense pas avoir lu beaucoup d’auteurs de thrillers italiens. La Bête Noire est une nouvelle collection de chez Robert Laffont et je trouve que ce premier titre est le parfait lancement. C’est un roman qui vous fait parcourir des montagnes russes, sans vous laisser le temps de reprendre votre souffle. Ainsi je ne vais pas non plus vous en dire trop car c’est un livre qu’il faut découvrir par soi même.

L’histoire commence très fort : un homme est complètement désorienté, il dit que sa femme et son fils ont disparus lors de leur pique-nique alors qu’il était assoupi. La femme est retrouvée un peu plus loin, décapitée. Pas de trace de l’enfant…De suite, le père fait un coupable idéal et est incarcéré. Mais Rovere, très bon flic n’y croit pas et va alors demander à sa meilleure enquêtrice, Colomba de se mettre sur l’affaire « en off ». Elle est en effet en disponibilité depuis le « Désastre » et est alors sujette à de terribles attaques de panique. Il va lui demander de faire équipe avec Dante Torre, « l’enfant du silo ». Dante reconnaît immédiatement la signature du Père et veut le retrouver, l’empêcher de nuire à d’autres, quitte à se plonger dans ses pires cauchemars et à y entraîner Colomba avec lui.

L’intrigue est palpitante, l’enquête avance sur un rythme incroyable, allant de découvertes en révélations, de peurs en angoisses, de soupçons en théories incroyables. Des flash backs vous feront comprendre ce qui a pu arriver à nos personnages avant tout cela et pourquoi Rovere les a choisi eux pour suivre la piste du Père alors que tout le monde le dit mort. Mais Colomba n’est pas aimée de tous, surtout depuis le « Désastre » et va devoir enquêter dans l’ombre, tout en gardant une longueur d’avance… Le duo formé par Dante et Colomba est surprenant, atypique mais diablement efficace. Au delà de leur relation professionnelle c’est une véritable complicité qui va naître entre eux et ils vont devoir rester solidaire face à leurs pires cauchemars.

Colomba est une femme brisée par le drame qu’elle appelle le « Désastre ». Elle a toujours été un excellent flic, la meilleure avec qui Rovere ait eu l’occasion de travailler, très obsessionnelle, professionnelle et à cheval sur le règlement. Mais depuis le « Désastre » elle est brisée, angoissée, sujette aux attaques de panique. Elle va donc devoir composer avec tout cela et avec une volonté de faire pour avancer dans cette effroyable enquête. Doit-elle croire au retour d’un fantôme ? Le Père n’est-il pas censé être mort il y a des années ? Peut-elle faire confiance à Dante qui lui est persuadé plus que tout que ceci signe le retour du Père. Et pourquoi le Père revient-il maintenant ?

Dante est un personnage encore plus brisé par le drame de son enfance. Ayant grandi enfermé dans un silo pendant 11 ans il garde de sacrés séquelles psychologiques, ce qu’on a aucun mal à imaginer. Claustrophobie, peur du noir, il carbure aux médocs et au café, enchaîne cigarette sur cigarette. C’est un personnage à la psychologie très sculptée, tout comme Colomba et pour moi les personnages crées par l’auteur sont un véritable point fort de cette histoire. On apprend à les connaitre et à s’y attacher. On a envie d’apaiser leurs souffrances, leurs angoisses, de les prendre dans nos bras pour leur faire oublier pendant quelques secondes les horreurs auxquels ils sont confrontés. Pourtant il n’y a rien dans l’histoire qui soit de l’auto apitoiement.

La plume de l’auteur est percutante, incisive, ne s’attarde pas sur des descriptions trop détaillées ou superflues, va droit au but à un rythme effréné. Il nous plonge totalement dans l’ambiance sombre, noire, inquiétante de son intrigue qui ne cesse de monter en suspens, l’angoisse montant à son tour crescendo et faisant froid dans le dos. Le « méchant » de l’histoire est vraiment peint d’une façon terrifiante et nous prenons peur de croiser Le Père à un coin de rue. L’intrigue est un peu comme une pelote de laine qu’il faut démêler sans qu’on sache par quel fil commencer et si des nœuds ne vont pas nous arrêter ; le puzzle se construit, la toile se délie, les fils se séparent pour mieux se relier et la révélation finale nous fait l’effet d’une véritable bombe. A aucun moment je ne suis partie sur cette piste, bravo pour le suspens ménagé jusqu’au bout.

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Un thriller à l’intrigue parfaitement ficelée, une tension qui ne cesse de monter et l’angoisse nous submerge au fil des révélations. Une plume efficace et percutante. Des personnages à la psychologie parfaitement sculptée et qui sont le point fort de ce roman. Une ambiance sombre et une enquête sans temps mort. Rien n’est laissé au hasard et chaque détail à son importance dans cette histoire sordide.

MANOTE

19/20 

Merci encore à NetGalley et à Robert Laffont pour cette lecture.

Pour ma part, je crois que je vais me laisser tenter par Les Fauves de Ingrid Desjours qui vient aussi de paraître dans la collection La Bête Noire.

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Photo issue du facebook La Bête Noire -voir lien cliquable juste au dessus. 

16 réflexions sur “[Chronique] Tu tueras le Père de Sandrone Dazieri

  1. revanbane45 dit :

    J’ai vraiment hâte de découvrir ce thriller qui fait parti des sorties de cette semaine que j’attendais le plus. Merci pour ta chronique 😉 et je devrais aussi bientôt recevoir Les Fauves d’Ingrid Desjours que j’ai gagné il devrait être bien aussi 🙂

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